AI & Society #10 Décembre 2018

Vous souhaitez revivre la 10ème édition d’AI & Society de Décembre 2018 ? Découvrez le récapitulatif et les vidéos des 3 conférences de Sébastien Blervacque, Benoît Raphaël et de Karim Hedeoud-Perrot.

Talk technologique – Comment interpréter les flux massifs de langage naturel ?

Avec Sébastien Blervacque, associé Semdee – plateforme de cognition artificielle

Le développement du canal d’information numérique nous submerge d’un flux de données à travers lequel nous avons du mal à trouver du sens. L’infobésité ambiante conduit à une forme d’épuisement et d’altération du jugement qui nuit à l’innovation dans les organisations. Le traitement de ce flux massif de données externes constitue donc un défi pour lequel les outils informationnels courant comme le keyword search nous laissent écrasés par le poids de l’information à traiter. De plus, les approches traditionnelles se révèlent efficaces lorsque l’utilisateur sait quel problème il cherche à résoudre et juge la pertinence des informations à l’aune de celui-ci. Mais il est en réalité très délicat de poser à priori le bon problème, d’où une difficulté d’orientation.
Face à un immense volume de données, nous aimerions pouvoir explorer les différentes facettes d’un sujet de manière à identifier les tendances fortes et les signaux faibles. C’est ce défi qu’entend relever Semdee, une plateforme de fouille de texte basée sur une technologie de cognition artificielle. L’approche de Semdee mixe apport de neuroscience et de l’informatique afin de modéliser les mécanismes humains d’appréhension et de traitement de l’information. Les séquences sont ensuite transposées en processus de traitement algorithmique.
Disponible en SaaS, la plateforme fonctionne sur un principe très simple à appréhender : à partir de l’importation d’un corpus, Semdee est apte à fournir une exploitation qualitative et quantitative des verbatims. Le caractère auto apprenant de la solution autorise d’exploitation de tous types de données textuelles : Semdee prend en charge tous les formats, en n’importe quelle langue, et peut s’adapter à toutes les thématiques. Il y a un use case potentiel dès lors que le volume de documents à appréhender est conséquent et peu structuré. Dans un monde où la production de données suit une courbe exponentielle et où les capacités humaines de traitement de l’information sont limitées, ce type de solution semble promis à un bel avenir.

Talk business – Comment l’IA peut révolutionner la veille d’informations ?

Avec Benoît Raphaël, co-fondateur de Flint et Chief Robot Officer

Quel rapport entre Paul le poulpe et les intelligences artificielles ? Paul le poulpe pronostiquait les résultats de match de football sans savoir ce qu’était le football, tandis que les IA prédisent quelles informations pourraient susciter notre intérêt sans comprendre l’information ni même connaître nos intérêts réels. Pour pallier ce dernier point, les IA remontent des contenus aux usagers en se basant sur leurs données de navigation. Elles nous enferment donc dans des bulles informationnelles (filter bubbles) qui nuisent à la qualité de notre information. Pour les professionnels de l’information comme pour les veilleurs, la distorsion de l’information liée aux IA constitue un écueil redoutable.
Le projet Flint part de ce constat : puisque les robots ne comprennent pas ce qui fait la qualité d’une information, mieux vaut les y éduquer plutôt que de rentrer dans une logique de filter bubbles. Flint est une interface qui permet aux humains et aux robots de collaborer : les bots informationnels de Flint vont chercher sur le web des contenus informationnels qu’ils estiment être de qualité. L’utilisateur reçoit chaque jour une newsletter sur laquelle il peut fournir un retour en indiquant à Flint son intérêt ou non pour les articles remontés. L’apprentissage automatique de Flint s’appuie sur un réseau de neurones : l’IA créée ses propres règles à partir des données qu’on lui envoie.
Comme les interactions avec les utilisateurs sont nombreuses et contextuelles, les bots communiquent entre eux au sein d’une « école de robot » afin d’améliorer collectivement leurs prévisions.
D’un point de vue business, Flint contribue à renouveler les pratiques de veille informationnelle en proposant une alternative aux plateformes SaaS. Cinq grandes entreprises dont Accenture ont ainsi désigné des experts métiers pour adopter et éduquer des robots à la remontée d’information d’intérêt professionnel. Principaux avantages de cette solution : l’émancipation des bulles informationnelles et une collaboration évolutive entre robot apprenant et veilleur.

Talk société – Quel est l’impact de l’IA sur les fondamentaux culturels de l’entreprise ?

Avec Karim Hedeoud-Perrot, Manager de la mutation de systèmes d’information et sociaux complexes

L’intelligence artificielle est une technologie générique, au sens où elle touche tous les secteurs d’activités, est en développement continu et charrie son lot d’innovations secondaires. Confrontées au surcroît de capacités apportées par l’IA, les entreprises doivent actualiser en conséquence leur culture sous peine de ne plus être en phase avec leur environnement.
La culture d’entreprise intègre l’ensemble des représentations, des principes et des valeurs partagées par ses membres, qui dirige leurs façons de penser et d’agir sur leur environnement et sur eux-mêmes, et donne du sens aux rapports sociaux. Si la dimension culturelle est si importante, c’est parce que l’IA, en bouleversant les rapports à soi, au temps, à l’espace et à la transcendance, implique une redéfinition minutieuse du sens au travail.
À travers cette présentation, Karim Hedeoud-Perrot expose sous l’angle anthropologique l’influence de l’IA sur les piliers de la culture corporate. Activités, rapports sociaux, visions et missions de l’entreprise sont remis en question par une mutation technologique qui contribue au renouvellement accéléré des pratiques.
Faute de représentations adéquates et de compréhension des implications de l’IA sur la culture d’entreprise, le management se trouve démuni pour penser son propre renouvellement, confrontant ainsi les dirigeants à deux écueils. À l’échelle de l’organisation, la difficulté consiste à produire une vision corporate compatible avec l’IA. Au niveau individuel, le risque est de confronter les employés à des injonctions paradoxales en leur réclamant par exemple de l’agilité sans prise de risque.

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